19 mars 2006

“Tout numéro d’oxo publié et non vendu pendant l’année en cours voit son prix doubler tous les ans”



Le Centre Pompidou vient d'acquérir une collection de revues oxo.
La transaction comprend 42 livraisons datées de 1996 à 2005 et un abonnement pour les deux ans à venir. Agnès de Bretagne, qui a initié l'achat pour le compte de la bibliothèque Kandinsky, a souhaité que la publication rejoigne les collections du Musée déjà riches de revues d'avant-garde telles que Dada et Shit Must Stop. Cette reconnaissance officielle, ainsi que ma volonté de faire de la revue un objet d'art à l'égal d'une toile (cf. oxo 475 "Blow Up"), me poussent à introduire un nouveau paramètre dans la tarification des anciens numéros.

Les quatre numéros de l’année en cours continuent d’être vendus au prix unitaire de 5 euros. Ce tarif ne change pas afin de permettre à tous les publics de participer en temps réel à l'expérience oxo. Rappelons que le nombre d'abonnés prédéfinit le nombre d'exemplaires (de 1 à 5 abonnés: tirage de 5 exemplaires, de 6 à 10: 10 ex., de 11 à 25: 25 ex., etc.), mais également la pagination et la technique de fabrication.

Les exemplaires tirés en surplus du nombre exact d'abonnés, à défaut d'être détruits, ont été nommés "retardataires" et laissés en vente sans limite de temps et sans réévaluation. Bien que n'ayant jamais agi directement sur la forme d'oxo, ils constituent aujourd'hui un capital qu'il est possible de revaloriser en raison de la durée et de la raréfaction, en raison aussi de l'accumulation des expériences menées au sein et autour de la revue.

Les anciens numéros se voient donc appliquer cette nouvelle règle : tout numéro d'oxo publié et non vendu pendant l'année en cours voit son prix doubler tous les ans. Cette mesure entre en vigueur à compter de ce jour et concerne tous les exemplaires numérotés publiés entre 1998 et 2005 (ne sont pas concernés les exemplaires notés "e/a" [échantillon pour appréciation], dont la seule fonction est promotionnelle). Les plus anciens numéros voient leur prix s'envoler. Ceux des trois dernières années restent relativement accessibles. Après quelques décennies, le prix de certains numéros sera tel qu'il sera impossible de les acquérir. C'est une autre forme de destruction.

Pascal Le Coq

Post-scriptum. Cette proposition joue sur un double ressort, l'un poussant à désirer un objet historique qui sera de moins en moins accessible, l'autre incitant à vivre en direct une expérience destinée à lutter contre la muséification de l'art. Si l'on assume comme moi le paradoxe, il est possible d'acheter des numéros retardataires et, en même temps, de s'abonner aux quatre prochaines livraisons d'oxo.